?Je devais avoir 6 ans lorsque je vécus une amitié imaginaire avec une petite fille, à peu près de mon âge ...

Par la verrière qui était alors ma chambre, qui donnait sur la rue d'Allende, sur un des premiers carreaux je faisais de la buée...

Et d'un doigt je dessinais une porte, par cette porte je m'échappais en rêve avec une grande joie et urgence.

Je traversais toute l'étendue visible qui me séparait d'une petite laiterie qui s'appelait Pinzón et par le O de Pinzón j'entrais et descendais à l'intérieur de la terre où mon amie m'attendait toujours...

Extrait du journal intime de Frida Kahlo?

 

Nadia Larbiouene, comédienne et conteuse d'origine Kabyle se pose la question de la culture métissée, elle croise Martine Meirieu, comédienne et conteuse en langue française et espagnole, passionnée d'altérité.

Martine Meirieu a fondée en 2001 l'association EOLO, espace d'arts pour tous, et que Nadia Larbiouene rejoint sur des projets d'ateliers avec des personnes en situation d'exclusion sociale.

L'une est brune, l'autre est blonde, suffisamment semblables et suffisamment différentes pour qu'on s'identifie à elles et qu'on s'en éloigne. Leur Compagnie Les Contes De L'Autre, leur permettra de jouer et de déjouer des itinéraires de femmes d'une génération où elles prennent la parole ensemble en suivant leur chemin singulier.

Ainsi nait le spectacle « Six histoires d'amour et une chanson désespérée » donné dans plusieurs lieux dont au Centre Hospitalier Saint Joseph Saint Luc pour la Journée de la Femme 2009 puis le spectacle « Histoires à dormir debout » crée pour le Printemps des Poètes 2009.

Ce qui les réunit, c'est la femme miroir qui est au centre de leur relation artistique.

Leurs lectures les amène un jour à rencontrer Frida Kahlo. Elle est cette femme qui se dépeint comme double, elle est la femme victime d'un terrible accident qui la prive de la maternité et la rend handicapée à vie. Mais elle est aussi la femme qui s'échappe de la maladie et du handicap par la création artistique.

Nadia Larbiouene et Martine Meirieu décident de faire une création à deux voix féminines autour du journal intime de Frida Kahlo.

Ce titre choisit correspond à un tableau de Frida Kahlo, intitulé Les deux Frida. Le spectacle proposé, décline, par un jeu de miroir installé sur la scène et par les images de l'œuvre de Frida Kahlo, la question de l'identité féminine. Il s'agit de passer de l'autre côté du miroir comme le disait Lewis Carroll, dire en deux langues français et espagnol, à deux voix, les textes du journal de Frida Kahlo, textes rappelant le contexte politique et culturel, et d'autres très personnels. La photographie si prégnante dans son enfance installe le passé et le présent de ces « deux Frida » qui s'immobilisent tour à tour sur le plateau puis reprennent leur trajectoire inattendue par le geste, la parole, la danse. Les comédiennes jouent avec l'écran, en ombre chinoise, à travers lui pour symboliser le passage d'un état à un autre et puis se rencontrer. Dans cette pièce, nous voulons faire partager la grande sensibilité et les contradictions permanentes de Frida Kahlo entre ses pulsions, ses souffrances, son goût immodéré pour la vie et ses réalisations artistiques. Sa pensée, ses prises de positions et son travail d'artiste, sont en profond décalage avec la condition des femmes mexicaines de l'époque, nous souhaitons ainsi donner au public toute la palette et les facettes d'une femme hors normes qu'est Frida Kahlo.

« Pourquoi voudrais-je des pieds pour marcher, j'ai des ailes pour voler. Moi, j'ai des ailes en trop, qu'on me les coupe en volant! Rien ne vaut mieux que le rire - Rire et s'abandonner sont une force. Etre léger. Vive la joie, le soleil, la terre, Diego et l'amour ! »