par Julie Balestreri

Martine Meirieu est comédienne au sein de l'association Eolo. Créée en 2001, cette fondation permet aux personnes issues de minorités ethniques, handicapées ou en marge de la société de s'exprimer à travers la danse, le théâtre, l'art plastique...

Quel est le rôle de votre association Eolo ?

M.M : Le but est d'apporter la culture à des populations qui n'y ont pas accès. Les gens dans les quartiers ne vont pas dans les théâtres, car ils pensent que ce n'est pas pour eux. Nous avons donc un atelier permanent à Vaulx-en-Velin depuis neuf ans, qui compte dix-sept participants parmi lesquels, des personnes âgées de 12 à 70 ans, de toutes les couleurs, handicapées ou pas, se côtoient. Il s'agit évidemment d'un acte de bien social mais en premier lieu, cet atelier est un acte de création qui permet aux personnes de se changer elle-même par leur création. Cet atelier permet à des gens qui sont chacun de leur côté de travailler ensemble, en créant un langage universel. Nous ne voulons pas faire d'atelier à la légère en se donnant bonne conscience. Nous ne souhaitons pas que des adultes et des enfants, approchent quelque chose qui disparait rapidement. Nous essayons de garder les participants un maximum de temps. Concernant les personnes handicapées, nous désirons montrer leur potentiel créatif, le révéler et construire quelque chose qui rélève du lien social. Lors de spectacles, l'handicap passe au second plan car nous racontons des histoires d'amour, de désir, d'absence...comme tout le monde.

 

Dans vos ateliers, travaillez-vous sur un art en particulier ?

M.M. : Nous avons une devise : mélanger les différents types d'art. C'est une volonté liée au public, à qui nous nous adressons. Il y a des gens qui ne parlent pas du tout et d'autres qui ont une parole amputée. Or si nous passons uniquement par la parole ils ne peuvent pas créer. Donc nous réunissons le geste et les mots. Généralement, nous donnons des consignes, les participants s'en saisissent puis, en font xce qu'ils veulent et peuvent. Notre travail, c'est de laisser l'autre s'emparer des choses et de créer l'impossible. C'est comme un mauvais élève, si chaque année on lui dit qu'il est nul, il va le croire et ne rien faire pour être meilleur.

Pouvons-nous dire que la diversité est plus prise en compte dans le milieu culturel ?

M.M : Il faut distinguer deux groupes distincts de personnes. Il y a celles très sincères, qui travaillent sur l'altérité, sur le fait de savoir qui est l'autre -l'autre de toutes les sortes- et il y a celles pour qui la diversité est un alibi. C'est parfois une tarte à la crème avec les quotas. Il faut avoir un noir, un maghrébins, tant de femmes de telles origines... Aujourd'hui, il n'y a pas vraiment de diversité ni vraiment de travail effectué. Il faut se battre contre cela.

Propos recueillis par Maud Lépine

06-12-2009, source